Rapport d’audit du Fonds spécial COVID – Chambre des Comptes du Cameroun
La Chambre des comptes de la Cour suprême du Cameroun a rendu public son premier rapport d’audit du « Fonds spécial de solidarité nationale pour la lutte contre le coronavirus et ses répercussions économiques et sociales ». Il s’agit d’un fonds créé par ordonnance du Président de la République du Cameroun le 3 juin 2020 et doté de 180 milliards Francs CFA, répartis en quatre programmes et pilotés par 24 départements ministériels.
Ce rapport d’audit a été publié par le Ministère des Finances sur le site de la Direction générale du budget du Cameroun.
Le périmètre d’audit de ce premier rapport de la juridiction financière du Cameroun a porté sur la mise en œuvre de 22 activités par trois ministères pendant l’exercice 2020 : le ministère de la Santé publique, le ministère de la Recherche scientifique et de l’innovation et le ministère des Finances. Si la dépense correspondant à ces 22 activités a été budgétisée dans le Fonds spécial à hauteur de 99,59 milliards Francs CFA, les montants engagés à hauteur de 157,9 milliards Francs CFA ont largement dépassé ces prévisions.
Le contrôle de la Chambre des comptes du Cameroun a porté à la fois sur la régularité de l’emploi des fonds publics et sur la performance de l’action publique, c’est-à-dire son économie, son efficience et son efficacité.
Au terme de ses travaux, la Chambre des comptes du Cameroun a fait six principaux constats :
- la faible qualité de l’information comptable et de l’information statistique comme obstacle majeur au pilotage de l’action publique et à son évaluation ;
- la faiblesse du pilotage stratégique, tant du Fonds spécial de solidarité nationale que de la riposte sanitaire mise en place par le ministère de la Santé publique, largement liée à un défaut d’évaluation des activités ;
- la gestion incertaine des stocks de médicaments ;
- la prise en charge des patients facilitée par le nombre limité de cas ;
- les procédures d’urgence justifiées en début de pandémie, mais devenues contre-productives à partir de juillet 2020 ;
- des cas emblématiques d’activités à faible efficacité et de mauvaises pratiques identifiées.
À la suite de ces constats, la Chambre des comptes a formulé trente recommandations et décidé d’ouvrir, conformément à la loi, des procédures pour gestion de fait et fautes de gestion et de transmettre au ministère de la Justice, des faits susceptibles de faire l’objet d’une qualification pénale.